Ah, les prix ! C’est bien une chose qui cause des maux de tête aux travailleurs autonomes et aux pigistes depuis la nuit des temps. Est-ce que mes tarifs sont trop hauts ? Est-ce qu’au contraire, je ne demande pas assez ? Comment faire pour définir des prix qui sont justes, surtout à vos débuts ? Dans cet article, vous retrouverez quelques astuces pour vous aider à établir vos prix en tant que travailleur autonome et éviter les erreurs les plus courantes.
Comment définir vos prix en tant que travailleur autonome ?
Voilà, c’est fait. Vous souhaitez maintenant faire le grand saut et être à votre compte. Vous le savez sans doute, mais de grands pouvoirs demandent de grandes responsabilités ! L’un des premiers exercices que vous aurez à faire est d’établir vos tarifs. Que vous soyez un designer graphique débutant ou un photographe d’expérience, tout le monde doit prendre le temps de peser le pour et le contre des différentes options offertes et se renseigner sur le marché actuel.
Il faut aussi garder en tête que les prix peuvent varier d’un professionnel à un autre pour différentes raisons. Certains peuvent inclure certains frais comme le déplacement ou les droits d’auteurs dans les tarifs, tandis que d’autres souhaiteront offrir des forfaits. Par où commencer?
ANALYSE DE VOS BESOINS
La première étape pour définir vos prix est d’analyser vos besoins. Vous êtes sans doute devenu travailleur autonome pour améliorer votre situation en général et non le contraire. De quoi avez-vous besoin pour vivre confortablement ? Quelles sont vos principales dépenses d’entreprise et de quoi avez-vous besoin pour réaliser les mandats ? Dressez une liste de ces frais, puis visez un salaire annuel et un nombre d’heures que vous désirez travailler par semaine ou par mois. Gardez en tête qu’un travailleur autonome devra demander plus qu’un employé puisqu’il doit payer plus de frais comme ses assurances et les différents frais gouvernementaux.
Il existe une formule mathématique simple si vous désirez avoir une idée de votre tarif horaire. Additionnez le salaire annuel visé et les dépenses prévues, divisez le tout par le nombre d’heures par semaine multiplié par le nombre de semaines de travail. Cela va vous donner votre tarif horaire de base :
(Salaire annuel visé + dépenses) ÷ (nombre d’heures par semaine x le nombre de semaine que vous souhaitez travailler) = tarif horaire de base
Par exemple, disons que vous visez un salaire annuel à 75 000$ et que vos dépenses d’entreprise sont de 3 000$. À cela, vous désirez travailler 36 heures par semaine, pendant 46 semaines. Selon la formule mathématique, votre taux horaire devait alors être à 47,10$. Cela peut vous donner une première idée.
ANALYSE DU MARCHÉ
Un autre aspect à prendre en compte lorsque vous devez définir vos tarifs est le marché. Cela peut avoir un grand impact sur vos prix. Par exemple, êtes-vous spécialiste dans un domaine très précis ? Au contraire, est-ce qu’il y a plusieurs professionnels offrant les mêmes services dans votre région ? Il est recommandé de prendre le temps de faire une analyse de marché avant de vous lancer comme travailleur autonome.
Par exemple, il pourrait être pertinent de savoir quels sont les prix demandés par d’autres travailleurs autonomes de votre domaine. Il arrive que ces informations soient disponibles sur leur site web. Il existe aussi des statistiques en ligne qui peuvent vous donner quelques pistes. Évidemment, plus vos services seront recherchés, plus vous pourrez augmenter vos tarifs. N’hésitez pas à vous spécialiser dans un domaine où il y a peu de concurrence si vous souhaitez vous démarquer.
À L'HEURE OU À FORFAIT ?
Une autre des questions les plus fréquemment posées par les pigistes et les travailleurs autonomes est « devrais-je facturer à l’heure ou à forfait ? » Si vous êtes dans le domaine de la rédaction ou de la traduction, il est aussi possible d’être payé au mot. Quelle est la meilleure option ? Tout dépend de la nature des services que vous offrez. Qu’est-ce qui est le plus facile pour vous ? Par exemple, si vous êtes une traductrice d’expérience, il pourrait être plus pertinent de travailler au mot ou par forfait qu’à l’heure si vous savez que vous travaillez vite. Si vous comprenez bien ce que vos clients potentiels recherchent, il pourrait aussi être judicieux de leur offrir des forfaits ou des banques d’heures qui répondront à tous leurs besoins.
Si vous venez de vous lancer et que vous êtes un peu perdu, nous vous recommandons fortement de jeter un oeil au livre Ajoute un zéro: Comment fixer ses prix et s’enrichir quand on est travailleur autonome d’Alexandra Martel. Ce livre a été écrit tout spécialement pour les entrepreneurs à la recherche du prix parfait. Ici, l’auteure explique que le taux horaire n’est pas la meilleure option et devrait même être évité. À lire !
LES ERREURS FRÉQUENTES
Personne n’est à l’abri d’une erreur et encore moins les nouveaux pigistes et travailleurs autonomes. Voici donc quatre erreurs fréquentes à éviter lorsqu’il est temps d’établir vos tarifs.
1- Ne pas demander assez
L’erreur la plus fréquente à notre avis est que pour avoir leurs premiers clients, les nouveaux travailleurs autonomes vont demander des prix très bas. Cela a plusieurs effets pervers. Tout d’abord, cela envoie le message que vous n’offrez pas du travail de qualité ou que vous êtes débutant. Ensuite, vous aurez beaucoup de difficultés à monter vos prix lorsque vous vous rendrez compte que vous ne pouvez pas tout payer avec aussi peu. Il vaut mieux de prendre le temps de faire des recherches pour avoir une idée des prix demandés dans votre domaine afin de vous assurer que vos tarifs sont justes.
2- Oublier le temps administratif
Une autre erreur fréquente concernant les tarifs est le fait d’oublier le temps administratif. En effet, en tant que pigiste ou travailleur autonome, vous êtes le responsable de la recherche de nouveaux clients, de la facturation, des relances, etc. Cela peut vous prendre quelques heures par semaine. Le temps administratif doit être compris dans vos frais, tout spécialement si vous avez plusieurs rencontres avec vos clients. Avez-vous à vous déplacer ? Vous pouvez aussi décider de facturer ce temps et ces frais au besoin.
3- Ne pas utiliser de contrat de service
Trop de travailleurs autonomes n’ont pas de contrat de service, bien que cela peut éviter de nombreuses situations problématiques, surtout concernant la facturation et les tarifs. Souvent, les courriels ne sont pas suffisants. Il faut indiquer sur papier toutes les subtilités de vos prix. Disons que vous êtes un designer graphique et que vous travaillez sur un logo. Si vous avez un contrat de service, il sera clairement indiqué que votre forfait comprend un nombre défini de retouches. Sans contrat, votre client peut penser que votre tarif est pour un nombre illimité de retours. Par ailleurs, les contrats de service incluent aussi les termes de paiement (méthodes de paiement acceptées et délais).
4- Accepter de négocier son tarif
On a tous déjà entendu la phrase: mais je connais quelqu’un qui pourrait me le faire pour moins cher! Plusieurs clients sont malheureusement qu’à la recherche d’un prix. Il est vrai qu’il peut être tentant d’accepter de baisser ses prix, tout spécialement lorsque vous débutez, mais évitez de le faire, surtout si vous savez qu’ils sont justes. Il y a d’autres options à considérer. Si jamais votre client n’a pas le budget, vous pouvez toujours lui proposer une version allégée de son projet : pour 400$ voici ce que je peux faire pour vous. Évidemment, si c’est un mandat qui vous intéresse énormément, c’est à vous de décider. N’en faites pas une habitude cependant.
Vos tarifs peuvent changer avec le temps
Une dernière chose : il est important de se rappeler que tout comme votre entreprise, vos tarifs peuvent changer avec le temps. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, plus le temps passera, plus vous serez compétent et choisirez peut-être des projets plus complexes. Cela doit alors se refléter dans vos prix. Une tâche qui vous prenait une heure à effectuer à vos débuts vous demandera peut-être que 30 minutes quelques années plus tard. Ensuite, il y a l’inflation. Les prix augmentent naturellement tous les ans et afin de garder votre pouvoir d’achat, vous aurez probablement à hausser vos tarifs.
Mais comment annoncer une hausse de prix à mes clients ? Vont-ils fuir ? Voici quelques trucs pour augmenter vos tarifs tout en restant professionnel. Pour commencer, préparez vos clients en leur envoyant un petit mot annonçant qu’à partir d’une date précise, vos tarifs augmenteront. Laissez-leur un petit délai afin qu’ils puissent s’y préparer en conséquence. Ensuite, vous pouvez ajouter une petite explication. Par exemple, si vous devez faire beaucoup de route pour vos clients et que le prix du gaz a augmenté, vous pouvez le mentionner. Finalement, pour faire passer la pilule, essayez de conclure avec un point positif. Cela peut-être que vous offrez de nouveaux services ou un petit cadeau pour les remercier de leur fidélité.
Conclusion
En conclusion, nous savons qu’il est difficile de définir ses prix lorsqu’on devient travailleur autonome. Toutefois, avec ces astuces, nous pensons que vous serez en mesure de demander quelque chose de pertinent. Commencez l’exercice par analyser vos besoins et le marché, puis choisissez le type de facturation qui répond le mieux à votre réalité. Un autre truc : si votre calendrier est toujours complet et que vos clients acceptent toujours vos devis sans poser de question, cela indique que vous ne demandez probablement pas assez ! Bonne facturation !
Ce texte a été écrit par Ariane Lessard de Momenteo. Momenteo est un logiciel de facturation québécois créé tout spécialement pour les travailleurs autonomes et pigistes. Les membres de Lexstart reçoivent un rabais de 20% avec le code promo LEXSTART20. Il est aussi possible d’essayer Momenteo gratuitement pour envoyer factures et devis.
